Opus n° 9 : Et la comédie musicale dans tout ça ?
La comédie musicale est un genre scénique mêlant essentiellement théâtre, musique et danse.
Elle puise ses origines à la fois dans les arts du spectacle savant comme le ballet et l’opéra mais également dans l’univers du music-hall londonien du 19ème siècle.
C’est aux États-Unis, au début du 20ème siècle, que ces spectacles se développent. S’éloignant peu à peu des esthétiques sérieuses et savantes de l’opéra et du ballet européens contemporains, la comédie musicale incorpore de « nouvelles » formes de musique plus populaires, notamment le jazz.
Son succès restera longtemps cantonné au monde anglo-saxon, New-York et Londres en tête.
Les premières comédies musicales sont parfois des agrégats de numéros de scène, regroupés et organisés autour d’un récit plus ou moins cohérent.
Une comédie musicale peut même rassembler des musiques de compositeurs différents en un melting-pot, ce qui n’interdit pas pour autant de faire appel à des compositions de qualité. Par exemple, George Gershwin (1898-1937) participera à plus d’une vingtaine de comédies musicales entre 1919 et 1934.
Après la seconde guerre mondiale le genre évolue et aborde des sujets plus divers et plus sombres, toutefois traités avec plus de légèreté qu’à l’opéra.
Au même titre que le cinéma, la comédie musicale offre un socle à la culture américaine, associant toutes les nuances de ses origines multiples : amérindienne, afro-américaine, asiatique et européenne.
West Side Story (1957) fera date !
Écrite par Leonard Bernstein (1918-1990) qui fut par ailleurs un des plus grands chefs d’orchestre « classique » de son temps, l’œuvre transpose la tragédie de Roméo et Juliette à Manhattan dans les années 1950.
Le traitement en fond des problèmes sociaux de cette Amérique marquera définitivement le genre.
Dès lors, les phénomènes sociologiques et culturels des États-Unis serviront de toile de fond au récit principal, amplifiés par l’utilisation de musiques et de danses appartenant aux codes culturels populaires du moment, surtout ceux de la jeunesse.
Les années 1970 voient s’installer à New-York une exploitation lucrative du concept qui use et abuse de ses formules qui finissent par engourdir le genre dans un moule uniforme, voire aseptisé.
Les recettes chutent et la comédie musicale revêt un aspect désuet, d’un autre temps.
C’est à Londres qu’un renouveau s’opère au début des années 1980 grâce au compositeur Andrew Lloyd Webber (1948-) avec ses œuvres Cats(1981) ou The Phantôme of the Opera (1986), entre autres, qui connaissent un immense succès, même jusqu’à Broadway.
Dans le sillage du créateur britannique, le compositeur français Claude-Michel Schönberg (1944-), connu essentiellement en France pour sa chanson Le Premier Pas (1974) ne tarde pas à se faire un nom sur les scènes londoniennes puis new-yorkaises avec l’adaptation en anglais de sa comédie musicale Les Misérables(1980 en français ; 1985 en anglais) d’après le roman de Victor Hugo.
En 1989, avec son librettiste Alain Boublil (1941-), ils adaptent l’histoire de Madame Butterfly, opéra de Giacomo Puccini (1858-1924) créé en 1904 à la Scala de Milan – et lui-même inspiré d’une histoire de John L. Long (1861-1927) – pour en faire une des comédies musicales les plus jouées sur scène : , opéra de Giacomo Puccini (1858-1924) créé en 1904 à la Scala de Milan – et lui-même inspiré d’une histoire de John L. Long (1861-1927) – pour en faire une des comédies musicales les plus jouées sur scène : Miss Saïgon.
Le drame quitte le décor japonais de Nagasaki du début du 20ème siècle pour être transposé pendant la guerre du Vietnam à Saïgon.
La tragédie met en scène une jeune serveuse de bar vietnamienne, Kim, et un G.I. de l’armée américaine, Chris, qui tombent passionnément amoureux.
Bien qu’ils se marient, leur histoire d’amour est interrompue par l’entrée des forces communistes dans la ville, chassant les troupes américaines du pays.
Chris ne peut emmener Kim avec lui et doit l’abandonner alors qu’elle est sur le point de donner naissance à leur fils.
Afin d’échapper au nouveau régime et assurer un avenir à leur enfant, elle tente de regagner les États-Unis mais n’ira pas plus loin que la Thaïlande.
Là, Chris retrouve Kim et son fils mais le temps est passé et Chris a refait sa vie ; ils’est marié aux États-Unis.
Désespérée, Kim sacrifie sa vie pour celle de son enfant et s’inflige une blessure fatale.
Elle s’éteint dans les bras de son ancien amant dévasté, lui confiant l’enfant.
Johan de Meij (1953-) a sélectionné quelques chansons et passages musicaux de cette comédie musicale et en a produit un « portrait symphonique » pour orchestre d’harmonie d’une qualité orchestrale exceptionnelle, pleine d’exotisme, où l’émotion sentimentale et tragique du drame est menée à son paroxysme dans une apothéose finale bouleversante.