Opus n° 4 : Qu’est-ce qu’une symphonie ?
Le terme SYMPHONIE veut dire “sonner avec” ou “sonner ensemble”. C’est le sens de l’adjectif “symphonique” qui qualifie les orchestres du même nom, archétype des ensembles instrumentaux et le plus utilisé par les compositeurs.
Une symphonie est donc une œuvre pour un ensemble instrumental, plutôt de grande taille. Pour autant, toute les œuvres pour grand ensemble instrumental ne sont pas des symphonies : il existe des suites, des poèmes symphoniques, des ouvertures, etc. En fait la symphonie trouve ses origines dans les débuts de la musique instrumentale et plus particulièrement dans la sonate (sonate, de l’italien sonare, veut dire sonner, par opposition à cantate, de l’italien cantare, qui veut dire chanter). La sonate est l’aboutissement d’un siècle d’élaborations musicales pour un, deux ou trois instruments (rarement au-delà de cinq instruments). Sa forme se fixe avec la sonate d’église, découpée en quatre mouvements alternant mouvements lents et mouvements vifs. Dès lors, la composition se libère des sujets narratifs, littéraires ou religieux, et devient purement musicale : “musique pure”. Le discours musical se concentre sur des éléments thématiques, harmoniques, rythmiques et techniques. C’est en cela que la sonate se diffère de la suite qui juxtapose plusieurs pièces issues principalement de l’univers de la danse.
Quel rapport avec la symphonie ? Et bien la symphonie, par opposition à la suite symphonique, est une sorte de sonate pour orchestre. On reprend les principes de la sonate d’église mais à l’échelle d’un orchestre. Une symphonie est généralement constituée de quatre mouvements, alternant les tempi, selon le modèle standard suivant : Vif/lent/modéré en forme de danse (souvent ternaire)/vif.
La symphonie trouve aussi une ascendance dans la Sinfonia italienne, sorte de prélude pour instruments introduisant une œuvre vocale et constituée de trois sections : vif/lent/vif. L’équivalent en France à la même époque est l’“ouverture à la française”, introduite par J.B. Lully, qui alterne à l’inverse des tempi lent/vif/lent.
La symphonie devient vite le genre orchestral majeur de la deuxième moitié du 18ème siècle, en pleine période classique. À cette époque la symphonie garde des proportions modestes proches de la sonate pour instrument seul, notamment celle pour clavier, et les compositeurs en écrivent beaucoup, comme Joseph Haydn ou W. A. Mozart qui en écrivent respectivement 104 et 41 !
Au 19ème siècle, le romantisme s’impose par la personnalisation du discours artistique : le créateur prend la parole en son nom et exprime ses émotions. La symphonie gagne peu à peu en proportion, et de fait, les compositeurs en écrivent en moins grand nombre, au profit d’œuvres plus personnelles et moins standardisées. C’est également le retour de l’argument littéraire comme élément d’inspiration, comme le caractérise l’apparition du poème symphonique. La symphonie ne fait pas exception et Hector Berlioz compose sa Symphonie Fantastique en 1830, symphonie “à programme” en cinq scènes descriptives inspirées de situations de la vie de l’artiste lui-même et dont le programme est distribué au public avant la représentation. En somme, la symphonie à programme est une sorte de poème symphonique hypertrophié, organisé en plusieurs mouvements. Par ailleurs, bien qu’à l’origine purement instrumentale, la symphonie intègre, dès la 9ème de Ludwig van Beethoven, le chœur qui, bien que traité comme un pupitre d’instruments supplémentaire, apporte par le texte une valeur argumentaire indéniable.
Les orchestres d’harmonie ont aussi leurs symphonies, non pas des transcriptions issues du répertoire d’orchestre symphonique, mais écrites expressément pour orchestre d’harmonie. Parmi les plus marquantes, il convient de citer la 1ère symphonie de Johan de Meij (encore lui !) qui a pour titre Le Seigneur des Anneaux. Inspirée de l’œuvre littéraire de 1955 écrite par J. R. R. Tolkien, cette symphonie est composée de cinq mouvements, chacun illustrant un personnage, un lieu, un peuple ou un moment important du récit. Elle s’apparente donc à une symphonie à programme et suppose qu’on ait lu le roman pour en saisir tout le sens. À défaut, la version cinématographique sera déjà une base de départ. À noter que la symphonie n’a aucun lien avec la musique du film, puisqu’elle a été composée entre 1984 et 1988, bien avant la trilogie hollywoodienne (2001-2003).
Argument :
1er mouvement, Gandalf : Ce personnage est un vieux magicien, un sage, qui apporte son aide aux héros de l’histoire, notamment dans la lutte contre le maléfique Sauron et son mystérieux anneau.
2ème mouvement, Lothlorien : C’est une des régions dans laquelle se déroule le récit, terre boisée aux airs de forêt de Brocéliande, elle abrite le peuple féérique des elfes.
3ème mouvement, Gollum : Cette créature doit sa longue existence à la détention de l’anneau dont il est plutôt l’esclave et la victime que le propriétaire. Sympathique en apparence, il cache une très grande noirceur. Il caractérise l’ambivalence entre le Bien et le Mal.
4ème mouvement, Journey in the Dark : Ce voyage dans les Ténèbres fait référence à la quête des protagonistes du récit et notamment à la traversée des Mines de la Moria, ancienne cité souterraine en ruine sur le territoire des Nains, race de créatures de petites tailles, robustes et triviales, prédisposées pour les activités de mineur et de forgeron.
5ème mouvement, Hobbits : Ces “hommes”, ou “semi-hommes” en référence à leur petite taille, peuplent la Comté, pays de la Terre du Milieu. Ils représentent l’humanité dans l’univers fantastique de Tolkien. Petits et poilus, ils sont pacifiques et aimables, réputés accueillants, spécialisés dans les activités manuelles plutôt que l’érudition scientifique.
Interprétée par l’orchestre Royal de la Marine Australienne.