Opus n° 3 : Que me raconte cette musique ?
Pourtant, la musique étant un langage elle doit naturellement porter un message, mais lequel ?
Le caractère impalpable du matériau musical, le son, rend cette question encore plus épineuse dès lors qu’on écoute de la musique instrumentale dépourvue d’un texte chanté.
Contrairement aux couleurs d’une toile ou des mots d’un poème, la musique instrumentale reste très abstraite.
Alors que me dit la musique ?
Une symphonie, une sonate, un concerto sont composés selon des concepts musicaux techniques et formels qui en garantissent l’unité et une certaine logique mais ne nous éclairent pas forcément sur le message qu’ils véhiculent.
On appelle cela de la “musique pure”, dénuée de toute référence extra-musicale.
Par opposition, on parle de “musique à programme” quand un compositeur donne explicitement des éléments d’inspiration ou même un titre évocateur à une œuvre.
C’est donc une volonté de l’auteur de guider l’auditeur, contrairement à la musique pure qui garde tous ses secrets.
Cette volonté s’est généralisée au 19ème siècle avec un
nouveau genre musical émergeant : le “poème symphonique”. Il s’agit de puiser l’inspiration d’une pièce musicale dans un récit littéraire préexistant, très souvent un poème. Plus tard, les compositeurs s’inspireront d’autres supports artistiques ou non : un tableau, un événement historique ou encore une émotion universelle.
Ainsi, nous sommes influencés d’emblée sur notre façon d’aborder la pièce. Quand vous écoutez pour la première fois “Une Nuit sur le Mont Chauve” de Modest Moussorgski, vous ne vous attendez pas à entendre une petite musique légère et apaisante, mais plutôt un véritable tumulte sonore brutal et inquiétant…
Le répertoire d’orchestre d’harmonie ne fait pas exception et propose énormément de musique à programme basée sur le concept du poème symphonique, voire bien plus que de la musique pure.
Dans tous les cas, le monde invisible de la musique et sa puissante sensorielle nous renvoient irrémédiablement dans un monde intérieur propre à la sensibilité de chacun, sa culture personnelle et ses goûts.
Alors à chacun son imagination !
Laissez-vous plonger dans la série de tableaux de René Magritte “L’Empire des lumières” (https://magritte.brussels/index.php/portfolio/219/) qui a inspiré le compositeur néerlandais Johan de Meij pour sa pièce “Empire of Light”, interprétée par l’Orchestre des Jeunes Simon Bolivar.