Opus N° 1 : Qu’est-ce qu’un orchestre d’harmonie
Les instruments de musiques sont classés en trois grandes familles selon leur mode d’émission du son, elles-mêmes déclinées en sous famille.
Nous trouvons ainsi
– la famille des CORDES ou cordophones pour laquelle les sons sont produits par la mise en vibration d’une ou plusieurs cordes avec les sous familles
– des cordes frottées (violons, violoncelles, contrebasses…),
– des cordes pincées (guitares, harpes…)
– ou encore des cordes frappées (le piano, qui est aussi considéré comme un instruments à percussion).
– La seconde famille est celle des VENTS, ou aérophones, pour laquelle les sons sont produits par la mise en vibration d’un colonne d’air avec les deux sous familles
– des bois (flûtes, hautbois, clarinettes, saxophones…)
– des cuivres (trompettes, cors, trombones, tubas…).
– À noter que cette grande famille contient également l’orgue et la voix humaine.
– La troisième famille est celle des PERCUSSIONS pour laquelle les sons sont produits par impact ou grattage avec les deux sous familles
– des idiophones (son résultant de la vibration du matériau comme le xylophone, les castagnettes ou une cymbale)
– et des membranophones (son résultant de la mise en vibration d’une membrane ou « peau » comme les timbales, la grosse caisse et autres tambours, fûts, etc.)
Un orchestre d’harmonie regroupe des instruments appartenant aux familles des VENTS et des PERCUSSIONS.
En comparaison, un orchestre symphonique regroupe des instruments des trois familles. Toutefois, il est de nos jours courant de trouver des contrebasses à corde dans les orchestres d’harmonie, pour apporter plus de profondeurs et de stabilité au registre grave de l’ensemble.
Un peu d’histoire…
Les ensembles à vents naissent en parallèles d’autres ensembles instrumentaux au cours des 17ème et 18ème siècles.
En France en particulier, de grands ensembles à vents naissent au sein des Gardes-Françaises, descendant directement de la Grande Écurie Royale et se fixeront avec la Révolution Française (par exemple l’orchestre de la Garde Républicaine, créée en 1848). Comme l’orchestre symphonique, l’orchestre d’harmonie s’enrichit au fil du 19ème siècle grâce aux améliorations techniques apportées aux mécanismes (flûtes, clarinettes, trompettes…) et à l’invention des saxophones (nés soi-disant de la tentative d’amélioration de la clarinette basse par Adolphe Sax !).
C’est pourtant l’orchestre symphonique qui obtient les faveurs des compositeurs. Une des raison de ce succès réside dans le fait que la famille des cordes frottées atteint son apogée technique avant la famille des vents, ce qui favorise un jeu plus riche et plus complexe enclin à séduire les compositeurs.
Et puis l’orchestre symphonique contient un petit groupe d’instruments à vents qui viennent colorer la sonorité homogène des cordes frottées, apportant des possibilités de contraste qui ne vont cesser de s’épanouir au 19ème siècle.
Les orchestres d’harmonies deviennent donc un peu secondaires. On leur reconnaît toutefois deux avantages non négligeables : ils peuvent défiler et ils ont une puissance sonore incomparable.
Ils sont donc les mieux placés pour interpréter la musique militaire qui va devenir dans un premier temps le répertoire de choix des orchestres d’harmonie.
Mais rapidement, le grand répertoire, celui des opéras et des symphonies va être adapté pour ces ensembles.
Et au 20ème siècle, après l’apogée du grand orchestre symphonique, atteignant parfois les 120 musiciens, des compositeurs vont s’intéresser à l’orchestre d’harmonie qui va leur permettre d’explorer de nouvelles contrées et faire de nouvelles expériences.
Aujourd’hui, le répertoire de l’orchestre d’harmonie est très riche et très diversifié. Il balaye tout un spectre des styles musicaux, depuis la musique de défilé, les arrangements du grand répertoire et de répertoires plus légers, de la musique de film, de la chanson et également d’œuvres originales.
Les orchestre d’harmonie ont permis entre autres d’apporter le grand répertoire à ceux qui ne pouvaient pas aller le découvrir dans les salles.
Au 19ème siècle, il n’était pas rare que les opéra soient adaptés en un florilège des plus fameux thèmes arrangé pour orchestre d’harmonie.
Proche depuis ses débuts des pratiques amateurs, l’orchestre d’harmonie connaît un répertoire classifié selon les difficultés pour permettre à chaque orchestre de jouer selon ses capacités. Il permet de faire découvrir la pratique de la musique d’ensemble aux jeunes praticiens dans les écoles de musique et les conservatoires.
Pour illustration, découvrons une transcription de la célèbre ouverture de l’opéra Guillaume Tell de Gioachino Rossini, qui place le récit dans les alpages suisses aux couleurs pastorales brusquement interrompues par un violent orage.
La tempête passée, place à la sérénade amoureuse avant l’appel triomphant des trompettes introduisant l’allegro vivace impétueux, interprétée par un des meilleurs orchestres d’harmonie professionnels à ce jour, le Tokyo Kosei Wind Orchestra.